« bittersweet »

Ce fut une petite journée aujourd’hui, tant mieux, je détestais ces longues journées où je devais passer quinze milles tenues différentes pour le bon plaisir d’un objectif et d’une dizaine de personnes. Hors aujourd’hui je n’avais pas du poser, juste passer à l’agence pour planifier ma semaine à venir, il faut dire que la fashion week était proche et je savais déjà que je m’envolerais pour les quatre coins du monde à savoir : NY, Milan, Paris et Sao Paulo. Comme la journée n’avait pas été très longue, j’avais décidé d’aller rendre visite à Izzy qui était en fait mon meilleur ami depuis quoi… seize, peut être dix-sept ans. Soit, tout ça pour dire que je savais que je pouvais débarquer chez lui quand je voulais parce que monsieur n’était pas du genre à inviter des femmes à n’importe quelle heure, ou même du genre à coucher à droite à gauche d’ailleurs donc j’étais certain de ne pas le déranger pour ça. Ca qui était l’unique chose qui m’obligerais à ne pas le déranger, d’ailleurs. J’avais alors pris ma porsche noire direction son appartement qui n’était tout compte fait pas si loin de ça. De chez moi, je pouvais y aller à pied d’ailleurs mais n’étant pas chez moi, j’aurais eu du mal… Enfin, j’aurais surtout mis trois plombes.
Arrivé à destination, je descendis de la voiture de luxe que je conduisais et entrai dans le bâtiment car le portier me connaissais très bien et il avait donc, comme à son habitude, ouvert la porte devant moi. Je pris l’ascenseur pour monter jusqu'à l’étage d’Izzy l’Aventurier et une fois parvenu devant sa porte j’appuyais légèrement mon doigt sur sa sonnette que j’entendis retentir dans le couloir. J’attendis alors que Izzy daigne enfin m’ouvrir, espérant qu’il ne dessinait pas parce que là, j’allais attendre des heures.

→ bittersweet.

J'avais volontairement choisi de ne pas sortir, pourquoi ? Et bien tout simplement parce que je n'aimais pas ça. Cela pouvait paraitre stupide aux premiers abords, mais je n'étais pas quelqu'un qui aimait paraitre en public, être sous les feux des projecteurs ou même être photographié, non, je réservais volontiers cela aux autres, quitte à en devenir inintéressant. Dans un excès de confiance, j'avais renversé un peu d'eau hors de mon verre. Lâchant un soupir, je jetais un rapide coup d’œil à ma chambre, où un infâme bordel s'y était installé. On pouvait y retrouver toutes sortes de vestes, pantalons et autres vêtements que j'avais moi même confectionné quelques jours plus tôt. Oui, en seulement quelques semaines mon appartement avait pris l'allure d'un capharnaüm, et j'avais d'ailleurs bien besoin d'un ou deux placards supplémentaires. C'était incroyable, de voir à quel point je pouvais parfois être désordonné. Mais après tout, m'auto-considérant comme un artiste, je n'avais pas forcement le sens du rangement. Le seul avantage était que mon appartement faisait le bonheur de n'importe quel mannequin adepte des fringues. Je n'aimais pas laisser les autres toucher à mes affaires, et c'est pour cela que ma chambre restait bien souvent fermée -à double tours- oui, j'étais un maniaque ambulant, prêt à tout pour ses petits bijoux de vêtements. Il m'arrivait même parfois de vérifier le compteur de gaz histoire qu'il ne saute pas et brule toutes mes affaires, tout mon travail pour lequel je m'étais réellement investi. Attrapant l'éponge, je nettoyais ma cochonnerie avant d'enfiler d'un trais mon verre et de le déposer dans l'évier. Je n'avais pas encore les moyens de m'acheter un lave vaisselle, ni réellement la place d'ailleurs, peut être lorsque je commencerais à monter en popularité du côté du mannequinat, même si cela ne m'emballait pas plus que ça. Finalement, la sonnette se déclencha et je reconnus Alexej. Aussitôt affolé, je jetais quelques rapides coups d’œil aux alentours. « Euh, attends deux secondes ! Juste deux secondes ! » dis-je en sautant jusqu'à ma chambre, attrapant chaque vêtement avant de le cintré et de fermer l’armoire, voilà, c'était un peu mieux. Me dirigeant à nouveau vers la porte, j'affichais mon plus grand sourire en l'ouvrant. J'aimais beaucoup, si ce n'est pas trop Alexej, que je savais même en couple à l'heure actuelle. « Hey ! Entre ! » lui dis-je en m'écartant de l'ouverture tout en l'invitant d'un geste de bras à aller dans ma chambre « Qu'est ce que tu fais ici ? » car avouons le nous, il ne passait pas souvent me voir ces derniers temps, non, je n'avais de ses nouvelles que part certains réseaux sociaux. Le jeune homme pris place sur mon lit alors que moi, je m'assis sur la chaise du bureau trônant face à celui ci. Alexej était grand, bien plus grand que moi, ou du moins, pour un mannequin, il avait toujours été le plus beau et le plus désiré des deux, ce qui me convenait très bien, n'étant pas de nature à aimer les compliments, ni même aimer être abordé par autres personnes que mes connaissances. « Attends, je vais te chercher un truc à boire. » dis-je tout sourire en me levant de ma chaise, tout en passant le pallier de la porte pour me diriger vers la cuisine, à quelques pas de là.

J’entendis –enfin- la voix d’Izzy derrière la porte et lâchai un soupire tandis que j’enfonçai mes mains dans les poches de ma veste. Je ne dis rien de peur qu’un enragé sorte de son appartement en mode « bon sang c’est quoi ces jeunes qui gueulent dans les couloirs ? » et tout ce qui s’en suit. Il ne restait plus qu’a attendre. Je n’étais évidemment pas certain de ce qu’il était en train de faire mais j’étais prêt à parier que cet imbécile rangeai ses affaires. On peu dire ce qu’on veut sur Izzy (ou presque il faudrait pas abuser non plus) mais ce type était pas franchement maniaque au niveau du rangement. C’était un mec quoi et si je n’avais pas une femme qui s’incrustait nonante pourcent du temps chez moi, je serais comme lui. Il finis par ouvrir la porte et m’invitai à entrer. « Franchement Izzy, t’emmerdes plus à ranger tes affaires en quatrième vitesse quand c’est moi. » balançais en guise de salut, agrémenter d’un sourire amusé. D’ailleurs il avait oublié une chemise dans un coin de sa chambre mais je ne dis rien, pas la peine de le prendre encore plus sur le fait alors que c’était déjà arrivé très souvent auparavant. « Ben, je viens te voir tiens. Je suis passé à l’agence mais j’ai finis ma journée maintenant alors je suis venu. » expliquais-je alors que je m’asseyais sur son lit et lui sur sa chaise de bureau. Mais à peine il avait posé ses fesses sur la chaise qu’il se leva en m’annonçant qu’il allait chercher à boire, quoi, dans sa chambre ? Je vous jure, ce type n’a aucune notion du rangement, ça me viendrait pas à l’idée de servir à boire.. Dans ma chambre ! Soit. Je me levai et ramassai la chemise que j’avais vu à terre, la posant sur une chaise qui trainait par là et me mit à regarder distraitement les titres des livres qu’il possédait. Je ne le savais pas particulièrement friand de lecture mais le fait est qu’il avait une belle collection. Notamment ce livre que je cherchais depuis quelques mois et qu’il allait être obligé de me prêter parce que je voulais absolument le lire, ce qui était pas franchement fréquent chez moi, de lire. « Hey, Izzy, va falloir que tu me prêtes ce.. » dis-je avant de voir un morceau de papier tomber sur le sol, j’arquai un sourcil puis, regardant si il arrivait ou pas, je le ramassai et dépliai la feuille. C’était une lettre, une lettre qui m’était adressée. Le début me dit sourire, il parlait de notre rencontre, je m’assis alors sur le lit pour lire la suite, au fur et à mesure que je la lisais mes sourcils se fronçait, je ne l’avais même pas finie que je me levai d’un bond et me demandai quoi faire : partir précipitamment ou prendre le risque d’en discuter avec lui ? Cacher la lettre à nouveau.. ? Non, il ne comprendrait pas mon comportement. Je soupirai et reportai le regard sur la lettre que je tenais entre mes doigts légèrement tremblants, le pire c’est qu’il écrivait incroyablement bien, si bien que je sentais toute la sensibilité et la sincérité qu’il avait posé dans cette lettre. Je pris alors une décision : rester. C’ets à peu près à ce moment là que j’ai levé les yeux sur Izzy, face à moi avec les verres en main. Je passai une main derrière la tête, l’autre tenait toujours la feuille dépliée et je me sentais incroyablement mal de l’avoir lue, d’avoir été curieux tout simplement. Mais mal aussi de me retrouver face à mon meilleur ami et de savoir qu’il ne me considérait plus comme ça depuis quelques temps. Un silence planât quelques secondes avant que je me décide à le briser « Je… Désolé, j’aurais pas du et euuu, oh putain ! » lâchais-je en plein milieu de ma phrase, c’était trop bizarre, vraiment. Beaucoup trop.

Le jeune homme pris place alors que je quittais la pièce en un sourire. Il était là, et même si je semblais d'humeur bien enfantine, c'était le principal non ? Passant le pallier je me rendais d'un pas décidé jusque dans la cuisine où je sortis deux verres. Alexej prenait toujours la même boisson et ce depuis toujours, alors, à force, j'avais fini par mémoriser ce petit rien comme si cela signifiait beaucoup à mes yeux. Et c'était le cas. Attrapant la bouteille de whisky, j'en versais dans le conteneur avant de la ranger. Pour tout vous dire, je ne supportais pas l'alcool et en étais allergique depuis toujours, de ce fait, j'attrapais une bouteille de coca et en remplissais le second verre. Oui je sais, cela n'était pas très viril, mais je ne l'avais au fond jamais réellement été. Au final je n'étais qu'un enfant. Je n'avais jamais pris de cuite, je n'avais même jamais été bourré, je ne sortais que très rarement et ne côtoyais jamais les soirées les plus huppées, en soit on pouvait me considérer comme quelqu'un de totalement ennuyant dans le milieu que j'avais pour habitude de fréquenter, et ce bien malgré moi. Attrapant les deux verres, j'en buvais furtivement une gorgée du mien tout en vérifiant bien qu'il ne m'apercevrait pas, tel un enfant pris sur le fait. Puis, finalement, je me dirigeais en un sourire jusqu'au pallier de la porte de ma chambre. Là, assis sur mon lit, Alexej tenait un livre dont je connaissais la provenance mais ne compris cependant pas tout de suite ce qui était entrain de se dérouler sous mes yeux. Au final, il avait lu ce sur quoi je ne voulais jamais qu'il tombe, et un malêtre m’envahit profondément, à un tel point que le verre qui lui était destiné glissa de ma main et vint s'éclater sur le sol, renversant tout le contenu sur la moquette. « Je… Désolé, j’aurais pas du et euuu, oh putain ! » s'exprima mon dit meilleur ami alors que je devenais rouge de colère. Oui, de colère, contre moi même, pourquoi l'avais-je cachée là ? Non. Pourquoi l'avais-je tout simplement conservée ? Mes lèvres s'entrouvrirent en un tremblement et je mis quelques secondes avant de retrouver l'usage de ma parole « Je... Tu n'aurais jamais du lire ça. » dis-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu « Je... Je suis désolé que tu l'ais appris de cette manière, je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir ni même m'approcher, en plus tu es en couple maintenant et je ne peux pas te demander plus, et de toute façon, tu ne me donneras jamais plus car tu n'as certainement jamais ressenti la même chose que moi ni même été attiré par moi. Je suis désolé de t'imposer ça, réellement, tu n'aurais pas du lire cette lettre et... mais si tu pars aujourd'hui, je ne saurai trop quoi faire tu vois... Je... je n'suis pas le gars le plus intelligent, ni le plus exceptionnel qui soit, je ne te draguerai jamais, je ne chercherai pas à te séduire tout simplement parce que je n'ai aucun don pour ça. Je suis timide, renfermé, presque un cas social et je ne comprends d'ailleurs même pas pourquoi tu es mon ami. Ça ne pouvait se passer autrement, tu es trop bien pour moi de toute façon, et... J'ai une envie folle de t'embrasser mais tu vois, je ne l'ai jamais fait, car je te respecte et je sais que tu n'iras jamais dans le même sens que moi. Alors... voilà. Tu peux partir si tu le souhaites, je te demande juste de ne pas me faire trop souffrir. » dis-je d'une traite avant de reprendre mon souffle, totalement affolé par la situation, à un tel point que je n'arrivais même plus à bouger, restant là, en plein milieu de l'ouverture de cette fichue porte.

Il lâcha alors le verre qui m'était destiné, ce petit verre qui contenait ce que je buvais tout le temps, un liquide dorée à la fragrance légèrement sucrée lorsqu'il s'agissait d'un bon whisky et pas cette petite merde de jack daniel's. J'avais l'impression de voir le verre tombé au ralentit, je regardai quelques secondes le liquide s’imprégner dans la moquette et, bientôt, une forte odeur de whisky envahit la pièce. Je levai alors les yeux vers mon ami, celui qui en pensait bien plus de moi que j'en pensais de lui, il était rouge mais de quoi . De honte, de colère envers moi ? Non, je l'imaginais mal se mettre en colère, il était bien trop.. gentil. Ou peut être était-il comme ça qu'avec moi ? Je commençais à remettre en question tout ce que nous avions bien pu nous dire, son comportement et tout ce qui suit lorsqu'il ouvrit la bouche. « Je... Tu n'aurais jamais du lire ça. »  me dit-il, sèchement. Je passai une main dans mes cheveux, gêné. L'autre tenait toujours la lettre que je posai alors sur le lit. « Je suis désolé, mais tu n'aurais même pas du garder ça, même pas du... » je me tut avant de rajouter quelque chose qui l'aurais blessé, il n'aurait pas du l'écrire et ne même pas le penser. C'était ça que j'aurais voulu rajouter mais il restait mon ami et je ne voulais pas lui faire plus de mal que ce qui était manifestement déjà fait. « Je... Je suis désolé que tu l'ais appris de cette manière, je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir ni même m'approcher, en plus tu es en couple maintenant et je ne peux pas te demander plus, et de toute façon, tu ne me donneras jamais plus car tu n'as certainement jamais ressenti la même chose que moi ni même été attiré par moi. Je suis désolé de t'imposer ça, réellement, tu n'aurais pas du lire cette lettre et... mais si tu pars aujourd'hui, je ne saurai trop quoi faire tu vois... Je... je n'suis pas le gars le plus intelligent, ni le plus exceptionnel qui soit, je ne te draguerai jamais, je ne chercherai pas à te séduire tout simplement parce que je n'ai aucun don pour ça. Je suis timide, renfermé, presque un cas social et je ne comprends d'ailleurs même pas pourquoi tu es mon ami. Ça ne pouvait se passer autrement, tu es trop bien pour moi de toute façon, et... J'ai une envie folle de t'embrasser mais tu vois, je ne l'ai jamais fait, car je te respecte et je sais que tu n'iras jamais dans le même sens que moi. Alors... voilà. Tu peux partir si tu le souhaites, je te demande juste de ne pas me faire trop souffrir. » Non mais sérieusement, qui partirait maintenant, le laissant seul comme ça ? Pas un ami, justement. Ça aurait été plus simple si il n'était pas lui, si ce n'était pas mon meilleur ami depuis des années, si il ne savait pas tout de moi comme je savais tout de lui. Il savait que je n'aimais pas Siobhàn mais je sais bien que, même avec ça, il n'aurait pas cherché à.. me séduire. Le simple fait d'y penser me donnait la chaire de poule. Je soupirai. « Ne dis pas ça, plus jamais. » dis-je, en faisant référence à son envie de m'embrasser, c'était vraiment trop gênant et je n'avais même pas su le lui dire explicitement, je lui faisais juste confiance pour me comprendre. « Et cesse de dire que je ne voudrai plus te voir, je.. En fait. Non je sais pas, c'est... Je ne suis pas homophobe, mais... Je veux dire... Imagine qu'une fille soit amoureuse de toi ! Ou même un autre mec, c'est délicat quand.. Enfin. Tu vois. » d'accord, je ne suis pas doué avec les sentiments, next ?