devant la porte, je réfléchis à ce que je pourrais faire. ce que je pourrais faire pour ne pas que pulse m'entende entrer. il est quatre heure du matin, je ne sais même pas si elle est là, ni même si elle dort. je prierai pour qu'elle dorme. je toussote et manque de m'étrangler avec la fin de joint que j'ai dans la main. je viens de chez lui. et je sais qu'elle le hais, elle ne l'avouera probablement pas, mais elle le hais. j'ai l'esprit embrumé par l'alcool que je viens d'ingurgiter en grande quantités mais sans être trop sonné. parce que je savais que je devais revenir chez pulse après. je suis totalement libre et ce n'est pas pulse qui me persuadera du contraire mais c'est comme une obligation de rentrer chez elle à un moment, de ne pas rester toute la nuit autre part. je jette le joint dans la rigole en essayant tant bien que mal de me débarrasser de l'odeur de la drogue qui s'accroche à moi, à ma peau, à ma respiration et mes poumons. l'air de la nuit est froid, je frissonne et me décide à entrer. je pioche la clé dans le pot de fleur sur le trottoir et ouvre la porte avec le moins de bruit possible. j'enlève mes chaussures et observe l'appartement éteint. il n'y a aucun bruits -pour le moment-, aucune lumière allumée. je ne sais même pas pourquoi j'ai décidé d'habiter ici. cette fille peut être insupportable comme elle peut être désirable et cet appartement est vraiment, vraiment très petit et assez moche. oh, je n'ai jamais vécu dans un palace, ni même une maison en bon et due forme, mais j'ai vraiment mal choisi cette fois ci. j'aurai dû rester habiter avec lui, même si les allées et venues des "invités" sont fréquentes et me dégoûtent. pulse, elle, ne se permet pas de ramener des inconnus quand je suis là. et même si je suis libre de faire ce que je veux, je ne ramènerai jamais personne chez elle, elle me suffit bien assez. pulse, c'est pas la bonne, mais putain, c'qu'elle est bonne. je n'ai pas besoin d'être avec cette fille H24, je n'ai pas besoin de la voir tout le temps et de lui dire que je l'aime. on ne s'aime pas, c'est comme ça. c'est juste une attraction très physique et le désir que je ressens envers elle surpasse tout les autres. j'ai besoin qu'elle m'appartienne, de savoir qu'elle est est à moi. je marche sur la pointe des pieds jusqu'à la cuisine et ouvre le frigo en quête de quelque chose qui me fera cuver plus vite. du café, peut être. hors, il n'y a même pas de quoi en faire ici. j'aurai du m'attacher une fille qui avait une maison tout confort. je boit la moitié de la bouteille de lait que je trouve dans le fond, même pas sûr qu'il soit encore bon. mais je ne sens rien, j'ai l'estomac plein d'acide et la gorge pleine de poudre blanche. la bouteille en main, comme si je tenais de la vodka, j'attends qu'il soit huit heure et que pulse se réveille. j'attendrai encore quatre heure, immobile dans la cuisine à me bourrer avec le lait juste pour ne pas la réveiller. elle a bien de la chance de m'avoir. enfin, je pense plutôt que je ne vais pas la rejoindre dans son lit parce que si elle voit que je suis légèrement soûl et déchiré, elle saura que je viens de chez lui, et ça sera la guerre. d'autant plus que je ne suis pas en état de baiser maintenant, et la rejoindre, la toucher et la voir n'arrangera rien. je bois une nouvelle gorgée du lait probablement périmé et me fige d'un coup en entendant un bruit sourd. je retiens ma respiration sans faire aucun mouvement. une ombre se profile sur le carrelage de la cuisine et le chat apparaît. la queue levée, il se pavane pour qu'on le remarque. je soupire en faisant mine de le chasser. « t'es vraiment con, toi. » je le regarde s'enfuir avec son petit air mauvais, un sourire au visage. puis je me retourne et manque de cracher le lait que j'ai en bouche. pulse se tient devant moi, appuyée contre le bar. son visage est impassible mais je vois dans ses yeux que je l'emmerde au plus au point, juste à l'instant. elle tient une clope entre ses doigts et crache la fumée en me foudroyant. son summum de beauté comme ça, pleine de haine. ses lèvres pincées, ses dents du bonheur qui me foutent des chaleurs, son air mauvais. je lui fait un signe penaud avec le lait. « tu ne devrais pas te lever aussi tôt, si tu voyais ta gueule. » je pose la bouteille de lait maintenant vide et fouille dans ma poche pour allumer à mon tour une cigarette. en espérant que fumer sa clope la calmera.