L’attachement aux plaisir des sens. La cigarette épousant mes lèvres, mon regard se perd dans le ciel étoilé. Il me semblait n’avoir jamais abordé le sujet avec la fille. Cette fille qui n’était autre que Pryska. Timide, et innocente. Un sourire se dessine sur mon visage, je secoue la tête. Un rendez-vous était prévu ; ce soir même, au bar. Je ne l’avais vue depuis quelques jours ; J’étais longuement parti à la recherche de nouveaux produits illicites. En vain, je n’avais rien trouvé. Rien d’intéressant, rien d’excitant. Vitaly allait hausser la voix, je le savais, je le sentais. J’hausse les épaules. Tout ce qui a rapport avec toutes formes de sensation causées par les cinq sens. Bonne idée, je ne savais comment m’y prendre. Je ne savais comment lui faire part de mes consignes. Je commençais à connaitre son caractère, ses moindres faits et gestes. Allait-elle répondre à ma demande ? Allait-elle suivre mes exigences ? Écrasant ma cigarette sur la fenêtre, je me retourne, me dirigeant vers la salle de bains. Je n’en savais rien. Je passe la main dans mes cheveux, un sourire en coin sur les lèvres. Bref, cela allait être une bonne soirée.

La tête basse, je m’approche de la dénommée ville nouvelle. Le bar est proche, je peux entendre les cris provenant de celui-ci. Je savais qu’il était toujours plein, était-ce le seul du coin ? Probablement. Sa popularité en disait long, suivait cette idée. J’échappe un soupir, cela m’importait peu. Regardant autour de moi, je traverse la route. Ce, en espérant que Pryska soit arrivée. Toutes les semaines, je me devais de lui enseigner de nouvelles bases. Elle avait tant à apprendre. À mes yeux, elle n’était qu’une petite fille. Fragile et insouciante. Vitaly avait ma confiance, l’apprentissage ne pouvait qu’être correct, qu’être des meilleurs. Je pousse la porte, le bruit est presque désagréable. Un énième soupir et je cherche la jeune femme du regard. Une chevelure blonde, un visage aux traits fins, un sourire angélique. Bon sang, j’essaie de me frayer un chemin entre les tables. Il fallait croire que cela m’exaspérait déjà. Je fais quelques pas, j’entends mon prénom. Relevant ma tête, j’aperçois la sœur de mon meilleur ami, la main légèrement levée. Soulagement, plaisir. Elle se trouvait au fond de la pièce, un endroit plus sombre que la normale. Tenait-elle à se cacher ? J’hausse un sourcil avant de prendre place sur la chaise haute. Mon visage s’approche du sien, et mes lèvres se déposent sur sa tempe. « Je commande deux verres. » Aussitôt dit, aussitôt fait ; Je fais un geste pour attirer un serveur. Il me demande ce qu’on souhaite, je lui réponds deux grandes bières. Il hoche la tête, je le vois s’éloigner. Je porte mon attention sur la blonde, je la regarde. J’avais déjà une idée fixe, j’avais déjà préparé la soirée. Je ne voulais pas m’éterniser, elle était là pour apprendre, n’est-ce pas ? Autant commencer dès maintenant. Je tourne la tête, montrant de celle-ci deux jeunes hommes sur notre droite. « Je sais que tu les vois. Ils sont pour toi. » Ils riaient, ils étaient jeunes. « Tu vas les voir, et tu fais connaissance avec eux. » Je pose mon regard sur elle, l’air sérieux. « Tu vas jouer sur ta sensualité, d’accord ? » Je lui offre un sourire encourageant avant de remarquer que le serveur venait à notre rencontre. Il pose les deux grands verres, et nous souhaite une bonne soirée. Les prenant dans mes mains, je les mets face à Pryska. Deux verres de bières, ce n’était rien. « Mais avant, bois. »

Je pousse la porte du bar avec une hésitation certaine. Si je suis ici, c'est seulement parce que Casper a voulu qu'on se retrouve là. Je n'aime pas traîner toute seule dans les bars, j'ai toujours l'impression d'être de trop, de ne pas réussir à m'amuser. Je crois que c'est le lieu qui me bloque, cette impression d'être enfermée et d'avoir tous ces regards braqués sur moi. C'est de la pure paranoïa, bien sur, mais je ne peux pas m'empêcher de le ressentir comme ça. Un homme complètement ivre apparait devant moi et m'adresse un « Salut poupée » particulièrement désagréable. Je l'observe avec un regard de faon effarouché avant de filer me mettre à l'abri du rire gras qu'il m'adresse en constatant ma fuite. Légèrement mal-à-l'aise, je m'installe au fond, dans un coin légèrement éloigné, légèrement plus sombre.

Alors que je commençais à désespérer, j'aperçois la silhouette familière de Casper. J'appelle son prénom et lorsqu'il se retourne, je lui adresse un léger signe de la main. Il me repère et vient s'installer à ma table avec un sourire. Il dépose un léger baiser sur ma tempe. Ce baiser veut tout dire et me désole. Il est chaste et innocent, le genre de baiser qu'on offre à sa sœur, pas à la fille dont on est fou amoureux. Cette constatation me laisse un goût amer dans la bouche. « Je commande deux verres. » Je hoche la tête, bien décidée à ne pas faire ma rabat-joie, même si tout d'un coup, j'ai moyennement envie de m’enivrer. Ça, c'est parce que je sais que je tiens très mal l'alcool et que je finis toujours par me rendre totalement ridicule. En temps normal, ça ne me gêne pas toujours mais je suis tout de même en présence de Casper et je n'ai pas du tout envie qu'il me voie aussi risible. Seulement, je sais que ça va l'énerver si je fais ma difficile et que je commence à refuser de boire. Après tout, il est supposé m'apprendre des choses, m'initier à ce que Vitaly et lui expérimentent, même si Aleksei voit cela d'un très mauvais œil. Je crois qu'il ne veut pas que Casper me déprave, qu'il aime la fille innocente que je suis et qu'il veut que je le reste. Mais moi, je ne veux pas. Casper n'aime pas les filles prudes et pures. Le voilà d'ailleurs qui m'adresse un signe de la tête pour m'indiquer les deux hommes de la table d'à-côté. « Je sais que tu les vois. Ils sont pour toi. » Mes yeux s'écarquillent. De quoi est-ce qu'il parle ? Pour moi ? Je le regarde sans comprendre. Ou plutôt, je ne veux pas comprendre. « Tu vas jouer sur ta sensualité, d’accord ? » Je sens ma mine qui se désagrège. Je veux l'impressionner, je ne veux pas lui montrer à quel point je suis encore peu expérimentée. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais eu de relations mais Nicholas ne compte pas, c'était en primaire, et je n'ai jamais eu à draguer Dimitri. La vérité, c'est que je ne sais pas du tout comment m'y prendre. C'est le cas au début de la plupart de ses leçons, comme la première fois qu'il m'a fait expérimenté la cigarette et que je me suis étranglée, ou comme la première fois que j'ai pris de la drogue alors que je n'avais aucune idée de la façon dont j'étais supposée m'y prendre. Mais c'était différent. Nous n'étions que tous les deux, je pouvais me tromper sans risque. Ici, je peux me ridiculiser à la vue de tous. Et puis s'il me voit me planter lamentablement avec les deux types, il va encore plus me voir comme une gamine à qui il faut tout apprendre. Si je suis incapable d'aller draguer ces deux-là, comment pourrait-il me voir un jour comme une femme ? Mais le sourire encourageant qu'il m'adresse me fait fondre et je n'ai pas le cœur à lui dire non et à m'enfuir en courant. Avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, le serveur revient et dépose les deux bières que Casper a commandées. Bières qu'il pousse d'ailleurs dans ma direction. « Mais avant, bois. » Est-ce qu'il s'attend sérieusement à ce que je boive les deux verres ? J'attrape le premier d'une main incertaine et l'entame. Je sens son regard insistant posé sur moi et je m'efforce de la finir avant de reposer le verre vide sur la table. « Écoute, tu as oublié un gros problème dans tout ça. Je ne suis pas une fille comme ça. Tu le vois bien, que je n'ai aucune sensualité. » Je baisse la tête, confuse d'avoir osé dire ça.

Pryska entame son verre de bière. Suivant ses moindres gestes du regard, il me semblait qu’elle ne tenait pas l’alcool. Pryska, elle m’épatera toujours après quelques verres. C’est quelque chose, vieux. Je peux te l’assurer. La voix de Vitaly résonne fort dans ma tête, j’évite de rire. Je me rappelle des nombreuses fois où il m’a conseillé sur sa petite sœur, comment il fallait s’y prendre. Mais, je ne l’écoutais pas. J’avais tendance à l‘ignorer gentiment, à lui sourire à la fin de ses phrases. Il fallait croire que je voulais le faire à ma manière. Pryska termine son verre, je souris.

Mes consignes annoncées, j’attendais. Celles-ci consistaient à jouer sur la sensibilité de la jeune femme. Elle devait commencer par aborder deux inconnus se trouvant à nos côtés. Plus je lui faisais part de mes intentions, plus elle semblait surprise voire étonnée. Ce n’était rien ; Rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouveaux visages. Cela ne pouvait qu’être excitant.

« Écoute, tu as oublié un gros problème dans tout ça. Je ne suis pas une fille comme ça. Tu le vois bien, que je n'ai aucune sensualité. » Elle baisse la tête, visiblement gênée par ses propos. Je crois rêver, j‘esquisse un sourire faux. J’échappe un long soupir avant de relever sa tête, deux doigts sous son menton. « Mais Pryska, qui es-tu, dans ce cas ? » Timide, insouciante, fragile, sage et j’hausse un sourcil. Apparemment, je savais déjà la réponse. Cependant, je tenais à l’entendre par elle-même, qu’elle se définisse seule. Je voulais entendre sa voix angélique se qualifier. Je plonge mon regard noir dans le sien, gardant un air sérieux, restant de marbre. « Tout le monde, d’accord ? Chaque personne possède sa propre sensualité. Tu ne connais peut-être pas la tienne, tout simplement. » Je ne pouvais lui donner un exemple. Elle ne pourra me reproduire, comme d’habitude. L’exercice de ce soir était difficile, je pouvais le comprendre. Mais que dire ? « Je n’aime pas les personnes qui baissent trop facilement les bras. Je ne comprends pas pourquoi tu refuses d’essayer. » Un énième soupir, un de plus. « Tu as peur de quoi, au juste ? Hm ? Tu ne sais juste pas ce qu‘est la sensualité. Tu ne sais l‘exploiter. » Je détourne le regard, le posant sur les deux jeunes hommes de notre droite. Je grommelle quelque chose d’incompréhensible, elle avait peur d’eux ; Peur de paraitre ridicule, probablement. J’hausse les épaules, il ne fallait pas. On ne la regardait pas, pas elle précisément. Je porte mon attention sur elle, baissant les yeux. « Si tu ne veux pas les voir … » Il n’y avait qu’une solution. Celle de dernière minute, plaisante. Elle devait travailler les cinq sens, il fallait être à l’aise. Avec qui, n’est-ce pas ? Je relève le regard, la fixant. « Essaie sur moi. » Je prends le verre qu’elle n’a pas commencé, prenant une longue gorgée. Je profite d’un instant de fraicheur avant de le reposer devant la jeune femme. « Le but étant que tu dois me plaire. N’aie crainte, et oublie les autres. Rien qu’un instant. » Court mais long instant.

Je sais que ma réaction l'exaspère à la minute où il m'adresse un sourire qui n'a rien de sincère - il tromperait la plupart des gens mais je le connais depuis trop longtemps pour m'y tromper. Le soupir qu'il pousse m'indique clairement qu'il s'attendait à me voir partir à l'assaut de la table des deux jeunes hommes. Il pose deux doigts sur mon menton pour relever mon visage que je gardais résolument baisser vers la table. « Mais Pryska, qui es-tu, dans ce cas ? » Il en pose une bonne question. Si bonne que je n'ai pas vraiment de réponse. Qui suis-je ? Avec lui, j'ai l'impression d'être une petite fille ignorante, trop fragile et trop timide, trop frêle et trop sage à son goût. Avec Izabelka, je suis beaucoup plus audacieuse et sure de moi. Où est donc passée la gamine sans peur que j'étais ? J'imagine qu'elle a commencé à s'évaporer en présence de Casper à partir du moment où j'ai réalisé que j'étais en train de tomber, que j'étais déjà tombée, amoureuse de lui. « Oh je t'en prie, tu me connais, Casper. Je suis la sœur de ton meilleur ami, la petite protégée de ton cousin. Tu sais comment je suis. Pas aussi entreprenante qu'il ne le faudrait. » Son visage fermé affiche un air indifférent et ses yeux brillent d'un regard noir. « Tout le monde, d’accord ? Chaque personne possède sa propre sensualité. Tu ne connais peut-être pas la tienne, tout simplement. » C'est très probable mais le fait est que je ne vois pas comment je suis supposée faire connaissance avec ma sensualité. « Je n’aime pas les personnes qui baissent trop facilement les bras. Je ne comprends pas pourquoi tu refuses d’essayer. Tu as peur de quoi, au juste ? Hm ? Tu ne sais juste pas ce qu‘est la sensualité. Tu ne sais l‘exploiter. » Il ne cesse de soupirer et je sais qu'il est déçu. Il marmonne une phrase que je ne comprends pas en regardant les deux hommes de la table d'à-côté. Peur de quoi ? C'est facile de le deviner. J'ai peur de me planter, j'ai peur qu'ils se moquent de moi et encore pire, la seule chose qui importe vraiment, j'ai peur qu'il me voit aussi risible que je me vois, moi. Il a parfaitement raison, je ne peux rien dire pour le contredire alors je reste silencieuse. « Si tu ne veux pas les voir … Essaie sur moi. » Il a les yeux fixés sur moi et je me sens pâlir. C'est une mauvaise idée, une très mauvaise idée. Bien sur, il ne peut pas savoir quels sont les sentiments que j'éprouve pour lui, c'est sans doute simplement parce que c'est plus pratique et parce que je suis une trouillarde. Je regrette un peu de ne pas lui avoir obéi tout de suite, du coup. Mais en même temps, cela peut être l'occasion rêvée pour lui permettre de me voir autrement que comme la petite fille à qui il doit tout apprendre.

« Le but étant que tu dois me plaire. N’aie crainte, et oublie les autres. Rien qu’un instant. » Je prends une inspiration et j'expire lentement l'air de mes poumons. Mon regard se porte sur le deuxième verre de bière qu'il a reposé devant moi. Avant que je ne prenne le temps de réfléchir, ma main s'en saisit et je le vide. Ah, c'est nettement mieux comme ça. Je dois être brillante, il faut que je sois éblouissante. Je ne vais pas le décevoir. « D'accord » je lance avec un regard de défi. Je sais qu'il aime davantage la Pryska sure d'elle que celle, timide, qui conteste ses ordres. Premier problème, je ne sais pas trop comment m'y prendre pour le séduire. J'essaye de me rappeler un instant comment sont les filles avec qui il sort habituellement. Ces filles que je me contente de regarder de loin, si filles tant enviées et détestées à la fois. La réponse s'impose d'elle-même. Outre leur beauté, elles sont toutes aussi sexys les unes que les autres. Ce qui nous ramène au but de l’exercice. J'affiche un sourire confiant - faussement confiant - et je me débarrasse de mon gilet que je pose sur le dossier du tabouret. C'est mieux. Un coup d’œil à mon décolleté m'apprend qu'il n'est pas suffisant et je déboutonne les premiers boutons de ma chemise blanche qui apparait très transparente sous cet éclairage mais je résiste à l'envie de renfiler mon gilet. Je garde les yeux fixés sur lui, tout en détachant mon chignon. Je secoue la tête pour laisser retomber mes cheveux en cascade sur mes épaules. Je lui lance un regard de braise - du moins, je l'espère - tout un gardant un sourire légèrement distant - énigmatique - affiché sur les lèvres. Je me demande ce qu'il en pense mais je ne prends pas le risque de laisser échapper une parole malencontreuse. Pas question de l'énerver encore une fois.

« Oh je t'en prie, tu me connais, Casper. Je suis la sœur de ton meilleur ami, la petite protégée de ton cousin. Tu sais comment je suis. Pas aussi entreprenante qu'il ne le faudrait. » Elle avait refusé de venir à la rencontre des deux inconnus, cela m’exaspérait. Ce, au plus haut point. « C’est possible. » Un de mes sourcils se hausse, signe de mon interrogation, de mes doutes. « Peut-être que je te connais, plus que tu ne le penses même. Je veux t’entendre le dire, pourtant. » Je secoue la tête, cela ne servait à rien. De plus, il n’y avait rien à comprendre. Je laissais tomber comme elle l’avait si bien fait. « Mais je garde en mémoire que, pour toi, aborder deux personnes n’est possible. » Cela sera à travailler, tout simplement. Mon doigt tapote à deux reprises ma tempe, je tenais à ce qu’elle le voit. Misérables foutaises.

Elle devait me plaire. Sagement, je lui propose. Je la vois inspirer longuement, un sourire se dessine sur mes lèvres. Avec impatience, j’attendais sa réponse. C’était la première fois que je lui demandais de faire quelque chose « sur moi ». D’habitude, elle reproduisait mes moindres faits et gestes. Ensuite, je me devais de lui faire part de mon avis, de la conseiller pour que la prochaine fois soit meilleure. Je secoue la tête, aujourd’hui était différent. Elle termine le verre que je viens de poser, je n’allais tarder à en commander deux autres jusqu’à ce qu’elle acquiesce. Je remarque son regard devenant de plus en plus déterminé. J’essaie de paraitre sérieux et pourtant. Une fois encore, c’était la première fois que je la voyais ainsi. Cela changeait, certes. Pryska réussit à me faire revenir à la réalité en retirant son gilet, et en déboutonnant les premiers boutons de sa chemise blanche. Une question s’impose, une question résonne dans ma tête. Fort, fort, très fort. Avais-je le droit d’en profiter ? Il est vrai que cela me plaisait de la voir femme, de la voir désirable. Un sourire en coin apparait sur mon visage, et mes yeux se posent sur la poitrine de Pryska. Je regrette déjà ce coup d’œil, qu’allait penser Vitaly ?

Elle ne parle pas, elle ne dit rien. J’essaie d’en faire de même, remarquant certaines de ses maladresses. J’évite, je les garde pour moi. J’observe ses cheveux blonds venant de tomber sur ses épaules. Elle m’offre un nouveau regard, un regard que je ne connais pas. Pas avec elle. Il ressemble à ceux que je rencontre lors d’une soirée, lors d’une nuit. Je mords ma lèvre inférieure, approchant ma main de la sienne. Je plonge mon regard dans le sien, prenant finalement sa main dans la mienne. Et très vite, je fais en sorte qu’elle se lève pour qu’elle vienne face à moi. Contre moi, j’espère qu’elle soit. Je serre légèrement sa main, et je la lâche. La musique se faisait forte, j’avais oublié les personnes aux environs. Je me sentais dans une bulle presque passionnée, une bulle qui n’arrivait à s’éclater. Je m’efforçais d’ignorer ce phénomène, me rassurant que cela n’était rien, que cela n’était que passager. Oui, ce n’était rien. Approchant dangereusement mon visage de celui de la blonde, mes doigts se posent sur sa nuque. Douce, fragile. Les promenant sur sa peau, je laisse un suspens voire un plaisir durer. Mes yeux fixent ses lèvres, je ne souhaite la regarder. Je n’avais pas honte, elle devait juste me montrer, apprendre ce qu'est la sensualité. Hm, n’est-ce pas ? Et soudain, mes doigts agrippent son menton, le tenant fermement. Mon regard se lève, se posant dans celui de la fille. Noir, dur, froid. Je ne relâche l’étreinte au risque de lui faire mal. Je penche la tête sur le côté. « Et après ? »

Jamais Casper ne m'a paru aussi éloigné. « C’est possible. Peut-être que je te connais, plus que tu ne le penses même. Je veux t’entendre le dire, pourtant. » Il hausse un sourcil puis secoue la tête, exaspéré. « Tu le sais bien, que je suis trop innocente, trop prude et trop fragile pour plaire. » Je détourne les yeux, je ne veux pas qu'il voit que ça me blesse. « Mais je garde en mémoire que, pour toi, aborder deux personnes n’est possible. » Je baisse la tête, penaude. Je sais que je l'ai déçu et que je l'ai énervé, à contester ses ordres. Ce n'était pas mon intention mais comment lui dire, que je n'ai pas envie qu'il constate pour manque de confiance en moi, mon manque de sensualité, qualité qu'il juge indispensable chez une fille ? Comment lui dire que je n'ai pas envie de lui laisser une chance de me voir encore davantage comme une petite fille innocente et prude ? Son doigt sur sa tempe est un message clair à mon intention. Je le déçois. Je ne me montre pas aussi audacieuse qu'il aurait voulu que je sois.

Il a un sourire impatient. Je sais qu'il faut que j'accepte, que je ne dois pas le décevoir encore une fois. Alors je lui dis que je suis d'accord. Je sais que je ne devrais pas, compte-tenu de mes sentiments. Il veut juste être mon cobaye, et moi je l'aime un peu. Ce n'est pas sain comme situation. Je voudrais retirer mes paroles. Mais un sourire en coin prend place sur ses lèvres. Ce sourire un peu voyou et un peu mignon, aussi. J'aime son sourire, je crois qu'il veut dire que je réussis, ou du moins que je ne me plante pas lamentablement. Je sens son regard caressant sur ma poitrine légèrement découverte par ma chemise dont les premiers boutons sont ouverts. Je me sens rougir - je ne rougis jamais d'habitude, seul Casper parvient à me faire cet effet là - et je prie pour qu'il ne le remarque pas. Il ne dit rien mais il garde ses yeux fixés sur moi, notant sans doute la moindre de mes erreurs. Je le vois qui mord sa lèvre et je me demande ce que cette réaction signifie quand je remarque sa main qui se rapproche avant de prendre la mienne. Il m'attire vers lui. Je descends du tabouret pour me retrouver en face de lui. Le contact de sa main se fait plus insistant. Puis il me relâche, tout simplement. Je n'ai pas le temps de regretter son contact que déjà, son visage est proche de mien. Ses doigts qui caressent mon cou. Je vois son regard fixé sur ma bouche. Est-ce que c'est ce qu'il attend ? Il attrape mon menton et ses yeux agrippent les miens. Durs. Il ne me lâche pas, il ne me laisse pas me détourner de lui. Il lui suffirait de serrer un peu plus fort pour me faire mal mais je n'éprouve aucune crainte. « Et après ? » Et après ? Mon corps en demande plus. Mon cœur s'agite. Boum boum. Tu l'entends, Casper ? Tu l'entends qui bat pour toi ? Mais je ne veux pas qu'il sache. Je ne veux pas qu'il voit l'effet qu'il me fait. Alors je me contente de lui adresser un sourire de défi. « Mm, je ne sais pas. Que font les filles généralement ? » Je laisse un sourire provocateur s'afficher de lui-même sur mon visage, je crois que je commence à me prendre au jeu. « Ah oui, elles font plus ample connaissance. » J'hésite. Je ne veux pas qu'il y ait de malaises entre nous. Je sais que je suis probablement en train de faire une grossière erreur. Une fois cette ligne franchie, le point de non-retour passé, nous ne pourrons jamais prétendre que cela ne s'est pas passé. Ou du moins, je ne le pourrais pas. Je détache mon visage de sa main. Mes doigts courent sur son visage, s'attardent sur ses lèvres, parcourent son cou, dérivent le long de ses bras. Jamais je n'aurais imaginé me laisser autant aller avec lui. Mes yeux qui avaient le chemin de mes doigts sur sa peau, croisent les siens à nouveau. Je souris. Mes lèvres se posent sur les siennes et je l'embrasse. Cela n'a rien d'un chaste et doux baiser. C'est un baiser passionné, un baiser sauvage. Un baiser qui traduit si parfaitement les sentiments que j'éprouve pour lui, sentiments que je n'ai jamais éprouvés pour qui que ce soit d'autre. Cela n'a rien d'un amour de petite fille, c'est un amour avide que je lui porte, si ardent qu'il en est douloureux. Mais j'espère qu'il ne verra rien, que pour lui ce sera simplement le baiser que je lui offre pour le séduire.

Et après ? Question. J’étais impatient, je voulais savoir. Elle affiche un air provocateur, j’attends. « Mm, je ne sais pas. Que font les filles généralement ? Ah oui, elles font plus ample connaissance. » J’échappe un rire nerveux, c’était difficile à entendre. Je détourne le regard, je ne veux pas lui répondre. Elle ne devait pas me poser la question, elle la connaissait suffisamment. Pryska arrive à se détacher de mes doigts et les siens suivent les traits de mon visage. Mes yeux plongent dans les siens. Ils continuent sur mes lèvres, en n’oubliant mes bras et mon cou. Et comme par magie, elle m’embrasse. Surprise, étonnement, soulagement. Je me laisse faire, et pourtant, je souris en pensant à son baiser. Quelques instants, quelques secondes. Difficile, difficile de prendre fin à ce présent, à ce plaisir. Me détachant délicatement d’elle, je pose quelques pièces sur la table. « Partons. »

Alors que ma main s’empare de la sienne, un sourire presque ravi brillait sur mon visage. Une fois sortis du bar, je remarque que la nuit avait déjà déposé son voile sombre sur la ville. Il faisait froid, j’en avais presque des frissons. Je porte mon attention sur Pryska, prenant son visage dans mes mains, l’amenant contre un mur. La voyant contre celui-ci, mes lèvres ne tardent à s’écraser sur les siennes. En vérité, je lui rendais le baiser qu’elle m’avait sagement offert. Je ferme les yeux, mes mains s’attardent sur sa nuque. Je pouvais rester longuement ainsi ; à goûter ses lèvres, à apprécier son parfum. À nouveau, j’oublie la petite Pryska ; Fragile, sage et insouciante. Ce soir, je faisais la découverte d’une femme désirable. Et, j’appréciais cela. Et, je l’aimais cette inconnue. Plus que tout. Pourtant, elle n’était autre que la fille à qui j’enseignais la vie, les bases de notre groupe, la sœur de mon meilleur ami. En y réfléchissant, elle avait beaucoup à m’apprendre. C’était comme si tout s’inversait, on échangeait les rôles. Elle m’épatait, j’en voulais davantage. Je détache mon visage du sien, en lui mordant gentiment la lèvre. Un sourire, et je me retourne. « J’aime. » Quelques lettres en faisant quelques pas. Je prenais le chemin menant à mon pauvre appartement. Je tourne la tête, vérifiant à ce que la jolie blonde me suive. Je m’arrête, posant mon regard sur elle. « Les clés. » Ma main tapote la poche arrière droite de mon jean. « C’est à toi de voir si on y va ou non. » Je faisais allusion à l’après. J’avais conscience que si on rentrait, quelque chose allait se passer. Moi aussi, je me doutais que cela n’allait plus être comme avant. Que tout allait changer. Je baisse les yeux, attendant une éventuelle réponse. Et alors ? Dans la rue où j’habitais, il n’y avait de lampadaire. Celle-ci baignait dans une éternelle obscurité. Et malgré tout, je tends ma main vers Pryska. Peu importe ce qu’elle fera, je la suivrai, je m‘adapterai.

J’en avais envie ; J’avais envie d’elle, de ses baisers, de faire connaissance avec cette inconnue. Il suffit que j’y pense pour qu’un sourire vienne à se dessiner, à prendre place. Je baisse les yeux, j’avais pas envie d’attendre. D’un pas déterminé, je m’approche d’elle et mes lèvres se déposent dans sa nuque. Longuement, langoureusement. J’ai l’impression que nos respirations se font plus fortes, qu’importe. Je n’oubliais pas que Pryska était en exercice. Devais-je la mettre dans toutes les situations ? Intérieurement, je soupire. Dans mes faits et gestes, étais-je finalement sincère ? J’ignore cette question en remontant ma bouche vers son oreille. « Ensuite. »

Je le sens s'éloigner de moi, doucement. Je voudrais trouver les mots pour le retenir, pour l'empêcher de partir. Je voudrais pouvoir continuer à l'embrasser sans jamais m'arrêter. Il jette quelques pièces sur la table, histoire de payer nos consommations. J'ai peur de savoir ce que cela veut dire. « Partons. »

Il prend ma main et m'attire à l'extérieur. J'aime le sourire qui éclaire son visage. Il fait déjà nuit noire mais je ne m'en préoccupe pas. Le froid ne m'atteint pas. Le regard de Casper sur moi m'empêche de ressentir quoi que ce soit d'autre. Il attrape mon visage entre ses mains, me pousse doucement contre le mur. Ses lèvres prennent possession des miennes. Je ne peux que constater encore une fois à quel point j'aime l'embrasser. Plus que n'importe qui d'autre. Et cette pensée m'effraie un peu. Il me mordille doucement la lèvre avant de se détacher de moi. Il m'adresse un sourire et se retourne. « J’aime. » Malgré moi, je sens un sourire s'afficher sur mes lèvres en guise de réponse. Je me sens heureuse. S'il savait à quel point ses mots me font plaisir. Un instant, un doute s'impose à moi. Qu'est-ce qu'il aime vraiment ? Est-ce cette fille que je ne suis pas ? Cette partie de moi plus confiante, plus audacieuse, plus femme ? Elle était enfouie en moi et il l'a fait ressurgir à la surface. On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agit de quelqu'un d'autre que moi, ce n'est pas un rôle que je joue mais je n'ai pas l'habitude d'être aussi entreprenante. Est-ce cette fille sauvage et sans peurs qu'il aime ? Par comparaison avec la fragile Pryska qui l'agace ? Pourquoi est-ce qu'il fait ça ? Pourquoi est-ce qu'il dit ça ? Est-ce que cela fait partie de son rôle de mentor, n'est-ce encore qu'un autre de ses exercices destinés à me former ? Je déteste cette pensée qui vient d'insinuer le doute en moi. Je la repousse, je ne veux pas y penser. Je ne veux pas gâcher ce moment. Je le emboite le pas. Je reconnais le chemin, je sais où on va. Mais je ne m'arrête pas, je ne fais rien pour le retenir. Au fond, c'est peut-être ce que je veux ? Soudain, il se stoppe. Ses yeux s'accrochent à moi. « Les clés. » Il tapote la poche arrière de son jean pour m'indiquer leur emplacement. « C’est à toi de voir si on y va ou non. » Je suis peut-être un peu trop innocente et trop prude mais je ne suis pas idiote. Je sais parfaitement ce qui est sous-entendu derrière ses paroles. Ce n'est pas raisonnable, je devrais me sauver à toute jambe. Mais l'occasion est trop belle. Est-ce que je peux vraiment passer à côté sans jamais le regretter ? La réponse s'impose à moi d'elle-même.

Il n'attend pas, se rapproche de moi. Le langoureux mouvement de ses lèvres s'attardant longuement sur ma nuque. Ma respiration se fait plus forte. Les battements de mon cœur s'accélère. Sa bouche remonte jusqu'à mon oreille pour y chuchoter un mot, un seul. « Ensuite. » Je me recule, j'ai besoin de pouvoir réfléchir et je ne peux pas quand il est aussi proche de moi. Je regarde son visage que j'aime tant. J'observe ses traits parfaits, ses yeux dans lesquels je me noie, son sourire de canaille, ses lèvres si désirables. C'est là que je réalise. Je ne peux plus repartir en arrière. Plus maintenant. Ma raison me dit de partir en courant mais je ne peux pas. Je me rapproche de Casper, colle mon corps contre le sien. La tension dans l'air est palpable. Lentement ma main droite suit le contour de ses hanches avant de plonger dans la poche de son jean d'où elle en sort une clé. Une clé qui change tout. Qui pourrait sembler sans importance mais qui veut tout dire. Qui voudra tout dire. Peu importe ce qui se passera, je sais que je considérerai ce moment comme celui où tout a basculé. Mais j'ai fait mon choix. Je me détache à regret de Casper. J'attrape sa main et j'y dépose la clé. Je relève la tête, mes yeux caressent les siens « Je crois que c'est plutôt explicite. »

Il était drôle de se dire que la soirée n’était autre qu’un court rendez-vous amical, une leçon de vie habituelle. Il était difficile d’imaginer que la sensualité, l’envie et le plaisir étaient les mots d’ordre de celle-ci. Pour moi-même, surtout. Je ne peux penser que Pryska ait déposé ses lèvres sur les miennes, qu’elle a été aussi différente, qu’elle a été femme, qu’elle a été plus que désirable. Il est vrai que je pouvais affirmer qu’elle avait réussi son exercice pleinement malgré quelques maladresses. Cela n’était rien, rien de grave. Cela suffisait à me laisser tenter avec cette jeune femme, à oublier ma raison. Je souris à l’idée de l’avoir dans mes bras, de la connaitre différemment, d’en apprendre davantage sur elle, d’oublier son caractère trop sage. On a tous besoin de nouveautés, de changements. De plus, il m’était inimaginable de l’embrasser de mon propre gré. J’en avais envie, certes. Satisfaire le plaisir ou par sincérité ? Pryska pouvait être le genre de femmes avec qui j’aimais passer des soirées, des nuits. Cependant, je ne pouvais oublier son grand frère. Que penserait-il de moi ? Je ne voulais baisser dans son estime en allant trop loin. Pourtant, il n’était maitre de ma vie. Non. Mais, le mal était fait. Casper, finalement, était-ce vraiment mal ?

Son corps contre le mien, mes lèvres sur sa nuque. Sa main contourne mes hanches, s’aventurant légèrement pour obtenir la petite chose. Ce geste ne pouvait que me donnait de fièvres envies. Je vois la clé dans ma main, elle me l’a déposée. Elle était d’accord, sûre et certaine ? Je lève les yeux vers elle avant qu’elle ne prenne la parole. « Je crois que c’est plutôt explicite. » Je lui vole un bref baiser avant de s’emparer de sa main. Je l’emmène avec moi pour un long moment, un plaisir sans fin. Elle est derrière, ses doigts entrelacés aux miens. À première vue, je savais qu’on pouvait nous comparer à un jeune couple heureux, et pourtant. Insérant la clé dans la serrure, la porte s’ouvre. On salue le bon temps, et les joies d’une nuit. Très vite, mes lèvres agrippent les siennes. Je ne pouvais les contrôler, il me semblait que c’était mon corps qui parlait. Passant une main dans ses cheveux, je l’amène progressivement dans ma chambre ; Chambre minuscule, presque vide. Contre ses lèvres, j’essaie de lui répondre. « Il faut croire. »

Je la dépose rapidement sur le matelas ; Tout ce qui m’importait, c’était elle. Comme dit, j’étais impatient. Je Ne voulais attendre surtout quand l’envie y était. La pauvre lampe de chevet éclaire la pièce, hélas. Cela suffisait à ma propre personne, je ne pouvais qu’être satisfait. Mes lèvres goûtent, à nouveau, celles de Pryska. J’y prenais un fin plaisir, et elle ? Un baiser fougueux, sauvage, langoureux. Certains pourraient critiquer comme quoi il serait vulgaire. Je ne pouvais les contredire, je me trouvais dans une extase profonde. Je déboutonne les quelques boutons restant de la chemise de la blonde. La retirant avec vitesse, je ne souhaite m’attarder. Mes lèvres caressent sa nuque et sa poitrine alors que mes doigts se promènent sur ses hanches. Nos respirations se faisaient de plus en plus fortes, que ressentait Pryska au moment où mes lèvres s’écrasaient sur les siennes ? Nos bassins se rapprochent dangereusement et je ressens, petit à petit, une oppression presque douloureuse. Un malaise, une gène peut-être. J’espère que cela passera puisque à mon tour, je me retrouve dénudé de mon tee-shirt. Comme les instants précédents, quelque chose de passager, un moment à oublier.

Une boule au ventre. La sœur de mon meilleur ami est presque nue, devant mes yeux, vêtue seulement de ses sous-vêtements. Je me mords la lèvre en plongeant mon regard dans le sien. Mon souffle était court ; Je l’avais oublié en le perdant sur la peau parfumée de la jeune femme. Mes yeux noirs devient, je me redresse. « Je suis désolé. » Je m’écarte de son corps, m’asseyant au bord du lit. Grossière erreur, oui.

Il m'embrasse rapidement, attrape ma main. Ses doigts entrelacés aux miens. Le sourire sur mes lèvres lorsqu'il insère la clé dans la serrure. Cette attente qui semble interminable. La porte s'ouvre. Immédiatement, ses lèvres se lient aux miennes dans une danse endiablée. Ses doigts agrippent mes cheveux et il m'entraine jusqu'à sa chambre. « Il faut croire. » Un sourire s'accroche à mes lèvres. Je sais ce qui va se passer et rien ne pourrait me faire plus plaisir. Il me dépose sur son lit et ses lèvres s'unissent aux miennes. C'est un long baiser passionné sans la moindre trace de pudeur. Je réalise que ça me va, que ce soir, j'ai laissé la petite Pryska dans ce bar, sur ce tabouret où elle avait trop peur d'aller accoster deux inconnus. Je ne suis plus cette petite fille sage et prude à qui Casper a besoin de tout enseigner pour qu'elle réussisse à comprendre la vie. Je ne suis plus la petite fille qui répète ses faits et gestes en tentant vainement de l'impressionner. La Pryska désirable et sure de ce qu'elle veut lui plait, je crois. Elle me plait aussi. Ses doigts experts s'attaquent à ma chemise et la retirent avec hâte. Sa bouche se dépose dans mon cou, sur ma poitrine, ses doigts suivent le contour de mes hanches. Le bruit de nos respirations effrénées. Le désir inexorable que j'éprouve pour lui. Je veux qu'il continue. Le plaisir que je ressens à sentir ses lèvres avides s'aventurer sur mon corps presque dénudé. Avec un sourire, je fais passer son tee-shirt au-dessus de sa tête puis je laisse mes lèvres s'accrocher aux siennes encore une fois. Je voudrais que ce moment ne cesse jamais. Je ne porte plus que mes sous-vêtements qui font barrage entre nos deux corps. J'aime la façon dont il se mord la lèvre, l'éclat qu'ont ses yeux plongés dans les miens. Je relève mon buste pour lui arracher un petit baiser. Je guide ses mains jusqu'au fermoir de mon soutien-gorge. J'attends qu'il continue, j'attends qu'il aille plus loin. C’est là que je réalise. J’en ai envie autant que lui. L’amour n’est pas un sentiment sage et doux. L’amour est passionné, intense. L’amour me rend exaltée. Je suis affamée des sensations que me procurent ses lèvres contre les miennes, ses doigts sur mon corps presque nu.

Et soudain, sans que rien n'ait pu le prévoir, il se redresse et s'écarte de moi, restant au bord du matelas dans une posture inconfortable, gênée. « Je suis désolé. » Je le regarde sans comprendre. Qu'est-ce que cela est supposé vouloir signifier ? Mes yeux s'attardent sur son visage. Mon cerveau conçoit ce qu'il vient de dire, mon cœur refuse de l'assimiler. Je n'ai jamais su déchiffrer ses sentiments profonds, ceux qu'il ne montre pas. Je voudrais réussir à le comprendre. Comprendre pourquoi il fait ça maintenant. Je détache mon regard de son adorable visage, baisse la tête sur mon corps quasi nu. Je croise les bras sur ma poitrine, presque honteuse. Comment est-ce que j'ai pu me laisser avoir ? « Bien sur, que je suis bête, ce n'est qu'un exercice, une autre de tes leçons. » Je laisse échapper un rire nerveux qui n'a rien de joyeux. « Tu voulais juste savoir jusqu'où j'étais prête à aller. Tu es content j'imagine, ça ne ressemble pas trop à la petite Pryska que tu connais. » Un sourire presque hystérique s'accroche à mes lèvres. « Tu vois, j'avais raison finalement. Je n'ai aucune sensualité. C'est plutôt évident. Les hommes ne disent pas non aux filles qui ont un minimum de charme. » Je sais qu'on distingue des sanglots dans ma voix mais je ne peux rien faire pour les contenir. « Pourquoi tu m'as embrassée, hein ? Pour me montrer que je ne suis même pas capable de le faire correctement ? » Je voudrais pouvoir me lever avec calme, me rhabiller avec indifférence et partir avec dignité. Au lieu de ça, je suis là, à parler avec un ton presque hystérique. « Alors tout ça n'était qu'un jeu à tes yeux ? M'amener ici, me proposer de coucher avec toi ? » Les larmes qui perlaient dans mes yeux et que je m'efforçais de retenir sont reines et dévalent mes joues blêmes. Je détourne la tête, je ne veux pas qu'il me voit aussi faible. Ce n'était qu'un putain d'exercice et moi, j'y ai cru comme une idiote. Je le déteste pour ça, je le déteste pour m'avoir donné de faux espoirs. Mais plus intensément encore, je l'aime à en mourir. C'est ce qui rend les choses si douloureuses.

Je vois le sourire sur ses lèvres lorsqu’elle retire mon tee-shirt. Par terre. Ses lèvres s’écrasent contre les miennes puis Pryska se relève légèrement, guide mes mains jusqu’au fermoir de son soutien-gorge. M’approchant de son corps, je le retire comme je l’avais si bien fait pour sa chemise. Par terre. Ma bouche caresse son cou, sa poitrine, et descend jusqu’à son nombril. J’entends les battements de mon cœur qui s’accélèrent, ma respiration saccadée.

Son soutien-gorge retiré, un frisson presque glacial s’empare de mon corps. J’essaie de ne pas écraser Pryska avec mon poids. Cependant, je souhaite me réchauffer. Mes mains serrent fermement ses hanches. Mes lèvres s’unissent encore et encore aux siennes. Mon bassin, devenant de plus en plus brulant, ne se détache du sien. Je ne le contrôle pas, mon corps parle. Des mouvements, réguliers et lents. Le début, le début d’un plaisir fou. Il n’y avait que notre dernière couche de tissu, soit nos derniers sous-vêtements, pour nous empêcher de ne faire plus qu’un. Je n’ose pas, c’était comme si j’avais peur. Était-ce pour cela que je m’étais retiré, quelques instants après ?

« Bien-sûr, que je suis bête, ce n’est qu’un exercice, une autre de tes leçons. » Fort, fort, je ferme les yeux. Mes mains passent dans mes cheveux, je voudrais les arracher pour éviter une telle situation. J’entends son rire nerveux, un rire que je n’aime pas. « Tu voulais juste savoir jusqu'où j'étais prête à aller. Tu es content j'imagine, ça ne ressemble pas trop à la petite Pryska que tu connais. » Plus elle parlait, plus j’en avais assez. Je ne supportais pas l’idée de lui faire du mal, j’ouvre les yeux. Je l’écoute s’énerver, j’entends sa déception dans ses propos. Je la ressens au plus profond de mon être. « Tu vois, j'avais raison finalement. Je n'ai aucune sensualité. C'est plutôt évident. Les hommes ne disent pas non aux filles qui ont un minimum de charme. » Je me retourne, elle avait tout faux. J’aperçois ses yeux humides, elle se cache la poitrine. Je me mords discrètement l’intérieur des joues, la regardant. Je la trouvais si jolie, sa peau comme un cadeau. « Arrête, je t’en prie. » Je ne savais que lui répondre réellement, c’était tellement difficile. « Pourquoi tu m'as embrassée, hein ? Pour me montrer que je ne suis même pas capable de le faire correctement ? » Je baisse les yeux, j’étais si désolé. Délicatement, mes mains se décident à prendre celles de Pryska. Elle n’avait pas à se cacher. Les prenant, je découvre une jolie poitrine. Un sourire se dessine sur mes lèvres qui disparait, aussitôt. « Alors tout ça n'était qu'un jeu à tes yeux ? M'amener ici, me proposer de coucher avec toi ? » Des larmes coulant sur ses yeux. Elle tourne la tête, honteuse. Je fronce les sourcils, pas de cela. M’approchant de la jeune femme, je lâche une de ses mains pour poser la mienne sur sa joue. En silence, j’essuie la preuve de son chagrin tentant d’oublier ce malaise. « C’était un exercice. Ce rapprochement et ces baisers, je le voulais. » Je retire mes mains, les cachant. « Pryska, pardonne-moi. Je t’ai embrassée parce que j’en avais envie. » C’était peut-être difficile à croire mais c’était la pure vérité. Mes yeux restent baissés. « Je t’ai connue fragile et insouciante. Ce soir, j’ai rencontré une nouvelle personne ; Elle était différente et avait beaucoup à m’apprendre. » Je laisse un court silence s’installer, pensant à des éventuels sentiments. Qu’est-ce que je ressentais pour Pryska ? Et si j’oubliais un moment son grand frère ? Étais-je attaché à cette jolie blonde ? Avais-je besoin d’elle ? Tant de questions, je ne pouvais y répondre. Je porte mon attention sur la fille, légèrement désemparé. « Et malgré ce nouveau côté, j’aime énormément celui qui est sain, innocent, et fragile. » Je passe une main sur mon visage, haussant les sourcils, échappant un bref soupir. « Si je n’ai pas voulu aller plus loin, j’ai pensé au respect que j’avais pour toi. J’ai pensé à l’après, j’ai pensé à nous. » Je détourne le regard. « Ce n’était pas un jeu, Pryska. À présent, je te laisse croire ce que tu veux. »

Son corps contre mon corps. La facilité avec laquelle il me débarrasse de mon soutien-gorge qui va s'écraser sur le sol. Sa bouche se promène dans mon cou, sur ma poitrine, le long de mon ventre. Je pousse un faible gémissement de plaisir. Je me demande s'il perçoit mon souffle entrecoupé, mon cœur qui bat la chamade. Je me demande s'il réalise que je n'ai jamais ressenti ça pour personne. Jamais rien d'aussi fort. Ses mains courent sur mes hanches, son bassin ne se détache pas du mien. Ses lèvres se déposent sur les miennes encore et encore. J'aime son contact. J'enroule mes jambes autour de lui, rapprochant encore davantage nos deux corps. Je passe ma main dans ses cheveux. Je croise mes bras autour de son cou. J'embrasse son visage, j'embrasse son cou, j'embrasse sa bouche. Moment d'éternité rythmé par la danse frénétique de nos baisers. Il ne reste plus que son caleçon et ma culotte de dentelle pour nous empêcher d'aller plus loin. Mes lèvres s'attardent à nouveau sur les siennes comme pour lui souffler la suite. Vas-y, semblent-elles dire. Mais avant que je n'ai pu ajouter quoi que ce soit, il se détache de moi et s'éloigne. Me laissant vide. Désemparée.

Je vois ses yeux se fermer. Comme s'il voulait s'échapper, me soustraire à sa vue. Ses mains courent dans ses cheveux. Je le regarde sans le voir. Mes plaintes passent le barrage de mes lèvres sans que je ne puisse les en empêcher. Je voudrais pouvoir me montrer indifférente et partir avec un minimum de dignité. Il se décide enfin à rouvrir les yeux mais j'évite son regard, je ne veux plus m'y noyer avec ce sentiment de félicité qui n'est qu'un misérable mensonge. Douloureux. Je sens son attention sur mon corps. Je voudrais qu'il cesse. Je me méprends, je m'imagine qu'il détaille mes moindres défauts. « Arrête, je t’en prie. » Je voudrais suivre sa demande mais mes lèvres ne m'obéissent plus et elles continuent leur discours amer. Je m'insurge alors que je voudrais seulement me taire. Quand j'ose enfin le regarder, il a baissé les yeux. Dois-je le prendre comme une preuve de ses remords, comme un signe de sa culpabilité ? Ses mains s'approprient les miennes, les éloignent de ma poitrine nue qu'elles laissent apparente. Un bref sourire éclaire ses lèvres avant de s'effacer. Je ne comprends pas sa signification. Pourquoi est-ce qu'il fait ça ? Pourquoi est-ce qu'il se donne tant de mal ? Pourquoi est-ce qu'il ne se contente pas de me dire de me rhabiller et de partir ? De me dire que j'ai raison, que j'ai bien joué mon rôle mais que la petite crise d'hystérie à la fin est de trop. De rire en me demandant comment j'ai pu croire qu'il y avait autre chose, quelque chose de plus. Il fronce les sourcils en voyant mes larmes dévaler mes joues. Bien sur, il n'aime pas les filles pleurnichardes. Je dois baisser encore davantage dans son estime, c'est évident. J'attends qu'il me réprimande sèchement. Et pourtant, sa main vient se poser sur mon visage, ses doigts essuient mes larmes. « C’était un exercice. Ce rapprochement et ces baisers, je le voulais. » Je cherche la réponse dans ses yeux mais il les garde désespérément loin de moi. Il enlève ses mains de mon visage et de la mienne et les éloigne. « Pryska, pardonne-moi. Je t’ai embrassée parce que j’en avais envie. Je t’ai connue fragile et insouciante. Ce soir, j’ai rencontré une nouvelle personne ; Elle était différente et avait beaucoup à m’apprendre. » Je tente de lire ses sentiments sur son visage mais je n'y parviens pas. A croire que je suis encore moins douée aujourd'hui que d'habitude pour déchiffrer ses émotions. J'attends qu'il parle mais il n'ajoute rien. Le silence assourdissant se dresse comme un barrage entre nous. Qu'est-il en train de me dire ? S'il le voulait, pourquoi alors n'a-t-il pas continué ? J'étais consentante, j'étais prête à coucher avec lui. Où était donc le problème ? « Et malgré ce nouveau côté, j’aime énormément celui qui est sain, innocent, et fragile. » Enfin il me regarde et j'en éprouve un grand soulagement. Est-il en train de me confier qu'il m'apprécie, peu importe que je sois la Pryska fragile que j'ai toujours été ou que je sois la Pryska désirable et confiante que j'ai été ce soir ? Il laisse échapper un sourire, refuse à nouveau de me regarder. « Si je n’ai pas voulu aller plus loin, j’ai pensé au respect que j’avais pour toi. J’ai pensé à l’après, j’ai pensé à nous. Ce n’était pas un jeu, Pryska. À présent, je te laisse croire ce que tu veux. » J'emprisonne son visage dans mes mains et le tourne doucement vers moi pour l'obliger à me regarder. « Si tu m'apprécies, je ne vois pas où est le problème. Je suis contente que tu me respectes mais tu ne m'as jamais obligée à rien. J'étais d'accord, je suis d'accord. Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas continuer. Si ce n'est pas un jeu, tu n'as pas à craindre de me blesser. » Les battements retentissants de mon cœur. L'étreinte de nos yeux. « De quoi as-tu peur, Casper ? Je ne t'ai pas demandé de m'aimer. »