Soirée époustouflante sur la mystérieuse ville de Prague. Un seul mot d'ordre régnait sur la capitale en cette douce soirée et c'était fashion. Défilé de haute couture, des people et du champagne qui coulait à flot. J'avais passé la journée à me préparer pour le défilé qui m'attendait, ou du moins, on avait passé la journée à me préparer. Dorloter, chouchouter par de grands stylistes du monde entier, je me sentais puissant, ce que j'étais. Je représentais pour ma part l'une des plus grandes marques d'Europe. Vêtu d'un pantalon de cuir bleu foncé qui moulait à merveille mes fesses musclées et rebondies mais aussi d'un blazer noir avec des plumes bleues en guise d'épaulières, j'étais littéralement la perfection. Ils avaient soigneusement retourné le bas de mon pantalon, tel un chino pour mettre en valeur mes chaussures, plus particulièrement des bateaux noirs avec les rebords bleus. Noir et bleu étaient mes couleurs. Un gloss bleu sur mes lèvres pulpeuse et humide, du noir sur les yeux et mes cheveux plaqués en arrière, j'étais redoutablement sexy. Comme tout défilé, celui-ci se passait à merveille. Les photographes se battaient, se chahutaient pour avoir la meilleure photographie de moi. Je défilais avec une telle assurance que j'en faisais frissonner le public. Leurs regards portants qui signifiaient de l'incertitude quant à mon identité me firent jouir intérieurement. Sentir le plancher de l'estrade sous mes pieds et la musique tambouriner dans mes oreilles me faisaient sentir une sorte d'éruption en moi, l'extase, oui, c'était l'extase. De retour dans les backstage, les abrutis -pour être poli- de mannequins qui me servaient de collègue vinrent me féliciter pour ce show des plus époustouflant. Ce n'était pas un gros défilé, ce qui fit que chaque mannequin avait le droit à un seul passage sur l'estrade avec une seule tenue.

[...]

La salle était pleine. On pouvait appeler ça un after. Plutôt réussi. Il y avait encore plus de monde qu'au défilé. L'enjeu de se faire connaître était de taille. On pouvait discuter à part avec de grands stylistes, couturiers ou autre. Il fallait absolument que je décroche un contrat. Je m'étais imposé le but, j'allais le faire. Toujours habillé de la même façon, je m'approchais alors d'un photographe dont j'avais visionné quelques shoot drôlement sympas. On discuta un petit moment et ce fut sans hésiter qu'il me donna son numéro. J'avais de la tact, j'en étais persuadé. Plusieurs mannequins étaient présents. J'en saluai quelques un mais ce fut vers Feather que je décidai de m'approcher, elle était entourée de trois grands couturiers. Je restais, ébahi, de les voir sourire, captivés par les propos de ma meilleure amie. Car oui, la pulpeuse jeune femme était ma meilleure amie. Une sorte d'alter-ego au féminin. Si j'étais le roi du royaume, elle était sans conviction ma reine. Elle se tourna alors vers moi pour m'adresser ce sourire, le sourire qu'elle n'adressait qu'à moi. Mon regard vint sculpter sa silhouette, ses vêtements, son make-up. Elle était dangereusement parfaite et sensuelle mais bien sûr, jamais je n'allais lui avouer. Un Headwaiter passa à nos côtés, un plateau regroupant des coupes de champagne à la main. Je lui en pris deux dont une que je passai soigneusement à la belle blonde qui m'accompagnait. Je le levai en souriant doucement pour finalement murmurer quelques mots. À notre triomphe, à notre complicité Feather.. Elle n'eut le temps de lever son verre qu'un homme séduisant vint la tirer gentiment par le bras et lui glisser son numéro dans la poche. Je le reconnaissais, il était photographe pour un grand journal de la ville. La salope. Ce numéro devait revenir dans ma poche, et non dans la sienne. Je lui souris faussement lorsque son intention se reporta sur moi. J'étais rongé par la jalousie et ce n'était que le départ. Une multitude de paparazzi vint rapidement nous rejoindre et la photographier en me clamant de me mettre à l'écart tout en me bousculant. J'étais tout bonnement écœuré par leurs comportements de sbires. J'en bousculai deux ou trois pour atteindre à nouveau Feather et mort de jalousie, je lui versai mon verre de champagne sur son jolie décolleté. Oups. glissai-je en souriant finement et malicieusement. Une chose était certaine, les hostilités ne faisaient que de commencer.