Lorsque j'étais enfant, on avait préconisé à maman de me faire suivre des cours de socialisation. Clairement, il lui demandait de m'apprendre à être dans les normes, à paraître comme tout le monde. Je crois que je n'ai jamais su être comme tout le monde. Maman s'est vexée à l'entente de cette remarque qu'elle ne comprenait pas étant donné que j'étais son troisième enfant et qu'elle n'avait jamais eu de problème 'de socialisation' avec mon frère et ma soeur. J'y suis allée qu'une seule fois. Être dans les normes ne signifiait pas grand-chose. Cela voulait-il dire savoir être poli, respecter les règles, être une petite fille qui aime les princesses ? Je savais être polie, respecter les règles, je n'étais pas une enfant indisciplinée. La directrice n'avait jamais convoqué, mais parents à cause de mon comportement, non j'étais le contraire une petite fille presque transparente parfois trop justement. Il y a des personnes comme ça qui ont cette facilité à aller vers les gens, il y a en qui utilise le langage pour vous embrouiller : les beaux parleurs. Sauf que moi, je n'ai jamais envié ce genre de personne qui est ami avec tout le monde, parce que dans la vie on ne peut pas être ami avec tout le monde. Mon portable se mettait à sonner encore, depuis que j'avais décidé enfin que j'avais accepté de partir m'installer à Prague, tout le monde était devenu trop stressé, trop anxieux comme si c'était impossible de gérer les choses à distance. Je regardais le prénom de la personne désireuse de me joindre, c'était hé-lè-ne. « Que se passe-t-il ENCORE Hélène ? » Je lui répondais sèchement, mais elle m'avait fatigué, j'avais trop entendu sa voix qui me déplaisait assez pour tout dire, un poil trop aigue, juste trop. Elle me baragouinait un discours illogique et peu compréhensible sur une histoire de chaussures. « Dites-moi Hélène, vous êtes styliste n'est-ce pas ? » Elle me répondait que oui elle l'était. « Trouvez donc une solution avec vos chaussures. D'ailleurs, vous avez rajouter une ceinture à votre tenue ? » J'étais posté devant le mur, ce mur blanc que je m'étais approprié depuis deux semaines maintenant. J'y avais accroché à l'aide de patafix les photos des diverses tenues de la prochaine collection. Je regardais la tenue six, c'était celle-ci qui posait problème avec ses chaussures. Cela faisait cinq minutes qu'Hélène m'avait affirmé qu'elle avait ajouté une ceinture alors que je lui répondais. « Des compensés. » Je me rapprochais du mur me rapprochant de la dite photo. « Oui, changer de chaussures et mettez des compensés. Je dois vous laisser. » J'appuyais sur le bouton rouge et c'est tout en croisant les bras que je le gardais dans ma main gauche. « Des compensés... oui, ça ira parfaitement. » Je me retournais tournant le dos à mon grand mur blanc pour aller déposant mon téléphone sur la table. Mao était venu s'installer confortablement sur quelque uns de mes croquis, il avait ce don pour s'installer là où il ne devait pas comme si dormir sur du papier était plus confortable pour lui que de dormir sur le canapé ou sur le tapis. Machinalement, je le prenais dans mes bras, m'asseyait et le posais sur mes genoux alors que j'attrapais mon paquet de clope. J'en prenais une que j'allumais rapidement. Je fumais beaucoup trop. Mon téléphone se mettait à sonner à nouveau, mais ce n'était pas ma sonnerie habituelle, non juste une petite sonnerie d'une durée de deux secondes. Levant ma main droite qui tenait ma cigarette, je tendais mon bras gauche pour attraper mon téléphone. C'était un message de Rae. On se retrouve en fin d'après-midi pour un café, et tu n'as pas le choix. A sa lecture, j'émettais un petit rire cristallin. Posant ma cigarette sur le rebord du cendrier je lui répondais une réponse plutôt courte. N'ayant pas le choix, aurais-tu l'amabilité de me préciser l'endroit ? J'envoyais. Je reprenais ma cigarette tirant une latte. Il me répondait qu'on se retrouvait devant la station de métro Malostranská.

« L'ami est rare, en soi. C'est plutôt une figure abstraite, une projection imaginaire ou une mythologie adaptée tant bien que mal à la vie ordinaire. L'ami n'existe pas, en fait, c'est un nom commode donné à quelques-uns. »

Bref, je devais me rendre à la station de métro. Notre appartement se situait dans le quartier du petit côté : Malá Strana. Je n'avais pas encore le temps de visiter le quartier ni même la ville quand j'y pense. Avant de partir, j'avais pris le soin d'acheter le guide Michelin. Je mettais renseigné sur les transports en commun et j'avais d'ailleurs pris un bouquin pour apprendre le tchèque, encore Milan savait le parler (heureusement) Désormais, je ne sortais jamais sans mon lexique cela pouvait toujours être utile. Je ne connais pas vraiment Prague, même pas du tout. Je me dépêchais d'aller enfiler une tenue décente, car me pointait boire un café en combinaison grise qui faisait pyjama, très peu. J'écrasais ma cigarette dans le cendrier et jetais rapidement un coup d’œil à travers la fenêtre pour m'assurer du temps qu'il faisait partant directement dans mon dressing, j'avais eu une exigence en venant m'installer à Prague c'était d'avoir un dressing. Milan m'avait accordé ma demande, même lui trouvait que j'en avais besoin avec mes six (grosses) valises de fringues. Il était beau mon dressing, j'en étais assez fière. Je prenais un jean slim noir, enfilait un débardeur blanc très fin ainsi qu'un pull imprimé léopard en coton Marc by Marc Jacobs. J'enfilais mes plateformes Jeffrey Campbell que j'adorais qui était beige. J'attrapais mon manteau Lanvin de la dernière collection que l'on m'avait offert en mars dernier. Je ne pouvais plus me passer de cette veste. J'allais chercher mon iphone sur la table que je balançais dans mon Kelly. Je me dirigeais en direction de la porte d'entrée, sortais et fermais à clé. Je n'habitais pas si loin de la station de métro (d'après mon plan. Je mettais mes lunettes de soleil et partait arpentant les rues. Durant le trajet, je regardais l'heure et je l'étais pour le moment. Il était seize heures, et je cherchais caché derrière mes lunettes de soleil la silhouette de Rae que je ne distinguais point.